Christine Bouscayrol est Cheffe d’atelier, Jean Remy Moncheau et Luc Qintin sont Moniteus, tous chez FALC ( Facile à Lire et à Comprendre).
Selon vous, qu’est-ce que la communication inclusive ?
Jean Rémy : C’est donné accès à tout à tous. A notre niveau, c’est permettre aux personnes en situation de handicap d’avoir accès à la formation, aux documents administratifs, ce genre de choses. Pour moi, l’inclusion c’est : cibler ce dont on a besoin, et essayer de le faire comprendre aux personnes qui en ont besoin.
Christine : Les personnes, quand elles arrivent à lire et à comprendre un texte, c’est déjà bien. Quand elles commencent à voir “tout.e.s”, ça devient compliqué. La communication inclusive, telle qu’on l’entend dans le droit commun est bien ça n’inclut pas forcément les personnes en difficulté avec la langue.
Comment définissez-vous le FALC ?
F.A.L.C. ça veut dire Facile À Lire et à Comprendre. C’est partir d’un texte difficile et le rendre plus facile à comprendre.
Comment le FALC contribue à rendre la communication inclusive ?
Luc : Le FALC, c’est un outil parmi tant d’autres. On peut faire une transcription en FALC, mais si on veut toucher les personnes aveugles, et bien on va devoir ajouter un audio. Et si c’est une personne aveugle et sourde, il va falloir ajouter du braille. C’est un ensemble d’outils. On ne peut pas dissocier les outils.
Jean-Remy : Ça dépend ce que l’on entend par inclusif. En fait, il faudrait toujours adapter le FALC.
La méthode FALC, est-elle vraiment inclusive ?
Jean-Remy : Le document FALC peut être lu par tout le monde. En fait, on prend le problème à l’envers. On devrait faire simple tout de suite. Par exemple, dans le milieu culturel, les professionnels écrivent des choses qui ne sont pas forcément utiles pour le grand public. On est inclusif à partir du moment où on s’adapte pour le plus grand nombre. Après, l’inclusivité totale est impossible.
Christine : Il faut que le FALC touche un spectre plus large. Le FALC que sur l’Art ce ne serait pas forcément inclusif, il faut que ce soit sur la partie administrative, sur l’accès aux soins, aux logements, à la politique. On ne peut pas dire que l’on soit inclusif, si on se cantonne à faire qu’une seule spécialité. Il faut être inclusif de manière globale.
Quelle est votre manière de travailler ?
Pour répondre à cette question, j’ai assisté à une séance de transcription FALC. La séance se déroule dans une salle dédiée au FALC.
Avant la séance : le moniteur FALC prend connaissance du texte. Cela permet d’évaluer le niveau de difficulté et de guider les travailleurs dans la transcription.
Durant la séance :
- Le contexte : Le moniteur explique toujours le contexte, le client et le sujet du document.
- La lecture : Le texte est projeté sur un grand écran. Un travailleur commence la lecture à voix haute.
- Identification des mots compliqués : À chaque mot compliqué, le moniteur interroge les travailleurs pour savoir si le mot est compris par tous.
La séance de transcription se base énormément sur le collectif. Parfois, une personne comprend plus rapidement qu’une autre, alors, avec ses mots, de manière simple et basique, elle définit le mot compliqué. Ce sont ses échanges, très riches, qui parviennent à créer des documents FALC. La règle n°1 est de traduire des documents FALC avec les personnes en situation de handicap mental.
Par exemple, vous travaillez sur le projet Lille3000. Comment s’est déroulée la collaboration ?
Luc : Nous sommes à la 6ème édition de Lille3000. Nous avons l’habitude de rencontrer notre coordinatrice 4 mois avant le démarrage des expositions. Pendant la rencontre, on nous présente les expositions qui pourraient être abordées avec les travailleurs.
Jean Remy : Nous avons vu avec les travailleurs ce qui pourrait plus leur plaire.
Le but de Lille3000, c’est vraiment d’encourager les personnes à aller voir l’exposition. C’est pour ça que le travail avec les travailleurs, et au-delà de la transcription FALC, c’est la communication auprès de nos travailleurs. C’est un vrai travail de fond pour amener tout notre public à accéder à LIlle 3000.
Ils souhaitent s’ouvrir au maximum pour que les personnes de tout niveau et de tout handicap aillent chez eux. Ils ont commencé par ”l’accessibilité physique”, puis le FALC, et cette année, ils ont fait de l’audio en plus.
Des conseils pour les personnes qui n’osent pas se lancer ? (Comment débuter ? )
Luc : Mon conseil pour une personne qui voudrait se lancer, c’est d’assister à une séance FALC.
Christine : Venir sans a priori sur les personnes. Parce que c’est vrai qu’ils ont tous des niveaux de compréhensions et des champs lexicaux très différents. Certaines personnes ont l’art de simplifier, dès qu’elles comprennent un tout petit peu, elles trouvent la phrase qui convient.
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