Place des Dircom – Comment intégrer l’IA dans sa stratégie d’entreprise ?

Gain de productivité, gain de temps, tâches simplifiées… Les promesses de l’Intelligence Artificielle (IA) sont séduisantes. Même si son utilisation se fait une place dans notre quotidien, son adoption dans les entreprises reste encore timide. Organisation du travail, acquisition de nouvelles compétences, complémentarité entre l’homme et la machine : autant de problématiques qui émergent face au développement de l’IA. Olivier Lefevre, expert en IA, Directeur de Taking the Plunge et vice-président chargé de la formation professionnelle d’EdTech Hauts-de-France, nous éclaire sur le sujet.

L’IA et l’humain : une nouvelle collaboration à apprivoiser

Ouvrons les yeux – ou simplement nos smartphones : l’intelligence artificielle est déjà omniprésente dans notre quotidien. Demain, elle s’apprête à bouleverser plus largement encore le monde du travail. Mais cette alliance ne se fera pas sans redéfinir les rôles et sans questionner la manière dont nous créons de la valeur.

Comprendre l’IA pour mieux l’utiliser 

Les IA génératives, comme ChatGPT, Mistral ou Gemini, sont des Large Language Model (LLM), qui ont appris des centaines de millions de phrases pour proposer des réponses. Comme le rappelle Olivier Lefevre, “l’iA n’est pas capable d’inventer autre chose que ce qu’elle a appris”. Sa maîtrise passe par une compréhension de son fonctionnement, une rencontre personnelle, un apprentissage, une pratique régulière et une capacité à formuler. 

L’IA : un dialogue homme-machine à apprendre 

Utiliser l’IA revient à apprendre un nouveau langage, celle du prompt. Si vous formulez un mauvais prompt, le résultat sera décevant. Par contre, après des heures de prompting, d’essais, d’ajustements et de compréhension des subtilités de chaque IA, vous obtiendrez des résultats pertinents. L’IA peut donner une impression magique, mais derrière se cache une véritable rigueur et un besoin d’apprentissage personnel. “L’IA n’a rien d’intelligent. C’est une erreur d’avoir emprunté la sémantique humaine pour parler d’elle”, confie Olivier  Lefevre.

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Un usage individuel qui devance le monde professionnel

”C’est même la première fois qu’une technologie est absorbée si facilement par les particuliers et si difficilement par les entreprises”, alerte Olivier Lefevre. 99% des étudiants post-bac déclarent utiliser l’IA quotidiennement et 77% des demandeurs d’emploi américains l’utilisent dans leurs démarches. Pourtant, en entreprise, seuls 35% des salariés l’utilisent et seulement 12% des structures l’ont intégrée. Les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail avec un usage avancé de l’IA n’hésiteront donc pas à l’importer dans l’entreprise, que celle-ci soit prête ou non. On appelle cela “la Shadow IA”, l’usage “clandestin” de l’IA sans cadre officiel.

L’IA et l’entreprise : un défi avant tout RH ! 

L’intégration de l’IA dans les entreprises soulève de nombreux défis. Si la prise en main des outils IA semble facile à l’échelle individuelle, son intégration en entreprise est plus complexe.

L’IA peut anéantir une entreprise !

L’exemple de l’expérience du Boston Consulting Group illustre l’impact de l’IA sur la productivité et la créativité. Si l’IA est un formidable outil pour automatiser quelques tâches (rédaction de rapports, gestion des emails…), son utilisation est limitée. Plus le problème devient complexe, plus l’IA baisse en qualité. L’IA doit donc être un partenaire de ping-pong créatif, et non un substitut. D’ailleurs, une mauvaise gestion de l’interaction collaborateur-IA peut faire baisser en quelques mois le niveau global de toute une entreprise. Les employés les plus qualifiés risquent de voir leur valeur ajoutée diluée, ce qui peut engendrer un ennui, une frustration, un désengagement, voire des départs. Quant aux employés les moins performants, ils peuvent homogénéiser leur production, sans réel gain de qualité. L’efficacité de l’IA en entreprise repose sur un écosystème complexe qui implique une transformation profonde des modes de travail et de collaboration. 

Former à l’IA : un enjeu stratégique

La question cruciale pour les entreprises n’est plus seulement « faut-il intégrer l’IA ? », mais “comment l’intégrer ?”. Il est donc crucial d’anticiper cette évolution en investissant massivement dans la formation. Cependant, ce n’est pas l’IA qui doit être au cœur du programme, mais la compréhension des processus, des tâches et des workflows qui peuvent en bénéficier : veut-on automatiser certaines tâches ? Fluidifier la communication ? Repenser les workflows ? Insérer l’IA dans les équipes comme un collaborateur supplémentaire ? C’est à cette condition que l’IA deviendra un véritable levier de transformation. De plus, l’adoption de l’IA doit s’accompagner d’une refonte organisationnelle en favorisant une approche agile et inclusive et une montée en compétences progressive des équipes.

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IA + humains : trouvons le bon équilibre ! 

L’avenir de l’IA en entreprise ne repose pas sur une opposition entre l’humain et la machine, mais sur leur complémentarité. L’IA est un levier de transformation puissant, mais son efficacité dépendra toujours de la capacité de l’humain à en exploiter le plein potentiel : “On ne fera pas l’IA sans s’intéresser à l’humain. Ce qui sauvera l’entreprise et l’humanité, c’est notre capacité à écouter pour comprendre l’autre, à nouer des liens construits sur la confiance et le respect, à formuler un jugement éthique et à témoigner de l’empathie.”

La prochaine étape : l’automatisation et les agents autonomes ! 

L’automatisation est le véritable levier qui permettra aux entreprises d’obtenir un retour sur investissement (ROI) tangible avec l’IA. Des outils comme Zapier, n8n ou encore Mistral AI permettent d’automatiser des tâches répétitives et d’optimiser la gestion des données.Hugging Face regroupe tous les systèmes IA open source disponibles. Il existe aussi des espaces sécurisés gratuits où l’on vient créer sa propre IA avec sa propre base de données interne (Notebook LLM).

L’IA générative ne se limite pas à l’automatisation. Nous entrons aussi dans l’ère des agents autonomes, qui peuvent exécuter des tâches complexes en autonomie avec une mémoire et une capacité d’apprentissage progressive. Certaines entreprises utilisent ces systèmes pour gérer le remboursement client ou l’analyse de marché, comme cet agent en local et open source.

L’IA et le client : vers une nouvelle révolution ? 

L’adoption de l’IA par les entreprises se fait souvent en périphérie de leurs activités principales et à destination des clients. C’est le cas de l’entreprise Mercedes, qui intègre l’IA non pas au cœur de son processus de production, mais dans des services annexes (optimisation des chaînes logistiques, amélioration du service client, …).

IA search, le début d’une nouvelle ère numérique

La véritable révolution dans l’approche client à venir, c’est l’IA Search. Elle va bouleverser les habitudes des recherches internet des clients et leur interaction avec l’information. Cela pourrait provoquer une mutation profonde du modèle économique du web, obligeant les entreprises à repenser leurs stratégies de visibilité et de monétisation. Google anticipe déjà cette transition avec des initiatives comme Google AI Studio, un laboratoire où les utilisateurs peuvent expérimenter des modèles d’IA et créer leurs propres agents autonomes. Des nouvelles solutions intelligentes capables de transformer en profondeur le fonctionnement des entreprises !